Direct de pilate petite gazette de fx
du vecu de la realite du terrain
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Le mécontentement populaire est attisé par les gesticulations de Moïse Jean Charles, opposant irréductible de Moïse Jovenel, président élu début 2017, après un an de gouvernement provisoire qui devait durer 90 jours, prolongé à 120, et étiré jusqu’à la durée d’un an bien sonné.
Ledit Jean Charles est le fondateur du parti “Pitit Dessalines“, et Jovenel dans la ligne du PHTK (Parti Haïti Tèt Kalé), fondé par Michel Martelly, son prédécesseur. Le fonds “Petro Caribe“, prêt à taux très faible, accordé par le Venezuela sous le gouvernement Préval, (il y donc plus de 7 ans) est le prétexte N° 1 pour jeter de l’huile sur le feu. A quoi a servi cet argent ? Où se cache-t-il, pour ne pas dire : où s’est-il volatilisé ? La tension est donc montée tout au long de l’année, d’autant plus que la monnaie locale (la gourde) continuait une glissade vers le bas où aucun frein ne semble pouvoir l’arrêter, chute qui n’a fait que s’accentuer depuis deux ans. On en est à plus de 80 gourdes pour 1 € ; 75 pour 1$. Par comparaison, entre 2007 et 2010, le taux fluctuait autour de 43g /1$, ou 50/1€. Bref, il y a de quoi se faire du souci. Samedi 17 et dimanche 18 novembre, manifestations dans les principales villes du pays, engendrant, comme de coutume, des blessés et quelques morts. Il est bien entendu impossible de connaître le calendrier exact des désordres programmés, pas plus que leur extension ; encore moins leurs débordements toujours possibles. Le lundi 19 a suivi les consignes, et pour éviter les dommages, Port-au-Prince était ce jour là ville morte. Les commerces, bureaux et institutions sont d’ailleurs restés fermés pendant plusieurs jours qui ont suivi. Moïse Jean Charles a revu à sa mode personnelle la bannière haïtienne, en la transformant en drapeau rouge et noir. Il va sans dire que cela a fait s’agiter d’autant plus les langues. L’opposition demande le départ du président actuel en se basant sur “l’évaporation“ de ce fameux prêt “Petro Caribe“. Il ne devait pourtant pas rester grand’ chose de cet argent dans les caisses de l’état lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Quant à Jean Charles, remarquons que ce monsieur fût ministre sous le gouvernement Préval, à l’époque où le prêt a été accordé… Vendredi 23, c’était à Mirebalais que ça chauffait, alors que les jours précédents, tout était calme dans cette ville du Plateau Central. A Pilate, la veille, l’ambulance de l’hôpital l’Espérance devait évacuer au plus tôt sur Cap Haïtien deux jeunes femmes enceintes de plus de 8 mois et présentant des difficultés. Dans un premier temps cela fût impossible. On ne pouvait savoir si oui ou non il y avait un barrage routier ; et si oui, où il se situait. Manquerait-t-on de téléphones portables tout à coup ? Le chauffeur attitré s’était rendu invisible. La Directrice s’est démenée jusqu’à ce qu’elle eût mis la main sur Pepi, le chauffeur du curé de Ravine Trompette, qui a peut-être plus de mal à se cacher vu sa circonférence. Il a eu le cran de partir et est arrivé sans encombres à destination, avec les deux parturientes. Le bruit court que la vie normale reprend à la capitale. Nettoyage des rues (c’est à dire des carcasses de pneus brûlés et des roches qui servaient de projectiles), ouverture des commerces. Les messages de sécurité provenant des services de l’Ambassade de France continuent tout de même à meubles nos boîtes mail. François-Xavier ; Pilate, fin novembre 2018.
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L’absence de connexion lors du mois écoulé venant s’ajouter à mes déplacements, impossible d’envoyer le moindre mot par mail. Voyons si je saurai aujourd'hui m'acquitter de ma tâche épistolaire. A Pilate, la Soeur Directrice de l’hôpital l’Espérance m'a mis la pression, faute de pression d'eau dans les tuyaux de son bâtiment. Bien évidemment, mes diverses tâches devraient me laisser libre de l'entretien de leur réseau, puisque de toute évidence, cela leur échoit. Ceci dit, comme elles le gèrent d'une façon anarchique en mettant dessus – à l'occasion – quelque clampin incompétent, voire aucun clampin du tout, il est évident qu'un jour ou l'autre ça tombe en panne, le Bon Dieu ne pouvant s’occuper de basses œuvres de tuyauterie, et les voilà à pousser des hauts cris de désespoir... A moi donc de solutionner les problèmes que leur manque de vision a créés. Bien entendu, d'autres impératifs qui n'existaient pas la saison dernière viennent s'amalgamer à leur demande pour faire perdre le temps que je devrais consacrer aux chantiers pour les paysans de mornes, qui, n'ayant aucun tuyau, en ignorent les problèmes (ça viendra). Toutefois, le 18, je suis parti à Port-au-Prince où m'attendait la caisse annuelle dans un hangar du terminal des douanes. Là aussi, la fin de l'histoire est à venir, car la sagacité des bureaucrates douaniers est à l'inverse de leur compréhension par rapport aux marchandises que contiennent mes envois. Une fois l'inventaire terminé, je me suis propulsé – à coups de moto taxi et de minibus bondés – dans le Plateau Central, direction Sivol, afin d'y oublier les Soeurs et leurs bêtises, et d'y faire mon travail. J'en suis revenu hier pour remettre sur le métier "l'affaire" de la caisse à dédouaner. J'attends céans (dans le bureau de mon fournisseur de tuyaux) le "broker" en charge du dossier qui me paraît avoir, lui aussi, un certain nombre de lacunes... A Sivol, j'ai quand même avancé des pions, tant pour le chantier eau que pour l'aménagement de mon "cadre de vie". Le cadre existe: il est formé par l'horizon magnifique des mornes au soleil levant. La vie existe aussi, bel et bien, et la campagne est régulièrement inondée de sono à fond, grâce (ou à cause) d'espèces d'appareils chinois bariolés qui lisent les carte mémoire et diffusent dans l'atmosphère les musiques (?) d’hier et d’aujourd’hui, avec des décibels appelant les casques anti bruit en vogue dans les ateliers de chaudronnerie. Voilà où j'en suis en cette fin d’année. François-Xavier ; Port-au-Prince, le 26/12/2018.