Nouvelles haïtiennes vraies et effrayantes (récit de terrain)
1 NANOUNE STORY IV « Effix ! Sa ou vin chachè nan peyi a » !? En clair : « F.X. Qu’est-ce que tu viens foutre ici » ? Et en sous-entendu : C’est vraiment pas le moment ! C’est Tau, le gardien, qui m’accueille comme ça, avec une poignée de main chaleureuse et un grand sourire dans lequel brille une dent auriférée de laiton.
Le gardien de la boîte d’Alain, H2O, qui me vend les tuyaux et divers accessoires pour les adductions d’eau potable. Je suis rentré hier du Plateau Central après y avoir passé ma première semaine des mois à venir, au-devant desquels je me suis précipité tête baissée, méfiant qu’un bouillonnement supplémentaire de la marmite haïtienne actuellement sur le feu politico-social ne vienne interdire aux avions d’atterrir. J’ai donc atterri effectivement dimanche passé, affranchi pour une fois, non de frayeurs d’atterrissage, mais des applaudissements stupides qui ont fait leur apparition depuis une quinzaine d’années me semble-t-il. Les pilotes d’aujourd’hui méritent-ils cette manifestation d’enthousiasme puéril (et de soulagement ?) alors qu’ils font un atterrissage dans des conditions aussi normales que possible ? La serveuse qui officie pour ces applaudisseurs reçoit-elle de leur part les mêmes marques de gratification morale ? Et le pompiste qui remplit leur réservoir ? Bon, j’arrête là ma diatribe. Quant à moi, je n’ai heureusement jamais été applaudi quand j’ai fait une soudure correcte ou réussi un captage de source. Chacun son travail, nous ne sommes pas au théâtre. Le lundi, lendemain de mon arrivée, je contacte divers amis : chauffeurs de moto taxi, et Julien, employé de l’entreprise d’Alain, afin de cerner la température de Port-au-Prince et des diverses portes donnant accès aux routes menant vers le nord et le centre. J’appelle aussi Davidson, à Mirebalais. Il me dit que les voitures venant de Croix des Bouquets arrivent jusqu’à cette ville. Je sonne alors Choupy, et vers 10h on fonce sur sa moto à la gare routière. L’ensemble du parcours est agrémenté des reliques des jours précédents, sous forme de carcasses de pneus brûlés, roches, terre, et bouteilles cassées. Arrivé à la station de Croix des Bouquets, je peux effectivement aller me tasser dans une “machine“, entre un passager et la carrosserie. Le tarif n’a pas augmenté : 175 gourdes, stable depuis plusieurs années. Il y a environ 3 ans, une tendance s’était fait jour dans le remplissage de ces boîtes à roulette que sont les minibus Nissan ou Toyota, et nous étions passés à un taux de remplissage “normal“ des sièges, à savoir 3 personnes par banquette et strapontin, ce qui faisait 13 personnes lancées à fond dans les embouteillages et les doublements en troisième position. Mais avec la montée de la tension, le remplissage a repris l’ancienne norme et les passagers à l’intérieur sont au nombre de 18, plus le chauffeur. Vu la carence actuelle de transports, quelques personnes prennent place sur le toit, avec sacs et cartons. N’empêche : avant midi nous roulons vers le département du centre, franchissons le “morne a cabrit“ et redescendons les lacets qui mènent à Mirebalais. Mais voilà que vers “La Bastille“, (soit 10km environ avant Mirebalais), nous sommes arrêtés par un barrage de roches. De l’autre côté, deux camions benne Mack patientent, et du notre, même chose, plus un camion-bus aux passagers résignés. 2 Devrons-nous faire comme eux ? Les chauffeurs de certains véhicules font une tentative d’approche du barrage afin de négocier, mais ils tournent bride derechef et reviennent au galop, courbés sous les jets de pierres qui se mettent à pleuvoir. Cependant, notre chauffeur doit avoir des arguments plus convaincants, ou une connaissance plus intime des gardiens, car on déplace les roches nécessaires pour donner passage à nos roues, et nous filons. Arrivés à la gare routière, un taxi moto me demande sans vergogne 2.000 gourdes pour m’emmener à Sivol. Le tarif était de 4 à 500 gourdes (1) il y a quelques mois. Je descends donc jusqu’à la place où je retrouve Davidson et négocie avec un autre chauffeur, pour 700 gourdes. Comme toutes les stations-service sont fermées, l’essence se vend ici au marché noir officiel, 700 gourdes ou plus le gallon (4l environ). A la capitale, le prix normal étant 224 gourdes aux pompes et 350 sur la rue. La sortie de Mirebalais, au rond point de Lascahobas laisse aux motos un passage sur des vestiges de brûlis récents, à ras du caniveau. A mi-chemin de Domont, une remorque de camion barre la route, laissant là aussi le passage seulement pour les deux roues. Après le pont sur l’Artibonite, la route de terre menant à Chambo, Feyobien et terminant sa course rocailleuse à Sivol nous ouvre les bras. Bref, me voici à Sivol où j’aime arriver en faisant à pied les derniers kilomètres, une fois franchie la rivière Boucan Carré. Bien évidemment, mes poches sont loin d’être pleines, tous les services publics et les banques de la capitale et autres villes étant bouclés. J’arrive donc avec une petite liasse de gourdes, conservée par chance et par hasard lors de mon aller-retour estival en France. Je dois par conséquent y faire très attention, vu l’augmentation de tous les prix, et ajuster le temps que je peux passer au village en fonction de mes dépenses. Je joue bien malgré moi au poker – ayant les jeux de hasard en horreur – ne pouvant savoir ni quand ni comment je pourrai retourner à la capitale, assoiffé d’une banque, d’un bureau, ou d’une quincaillerie ouverts. “En dehors“, comme on appelle ici la campagne, l’ambiance est calme. Cela n’empêche nullement les problèmes de toucher les villageois, le prix de toute chose ayant grimpé au plafond des finances locales. En ce qui concerne nos travaux d’adduction d’eau et d’hygiène associés, la fameuse “valorisation de l’apport local“ a pris un sérieux coup dans l’aile. Ce terme recouvre la façon dont le public bénéficiaire des ouvrages apportera sa contribution, n’ayant pas la possibilité de participer financièrement. Mais comme ce public a besoin de s’alimenter et ne reçoit pas d’argent en dollars ou en euros, il est désormais peu enclin à participer gratuitement, quoique bénéficiaire potentiel d’adduction d’eau ou de latrines. Il y a donc là matière à de nombreuses réunions où je sais d’avance que mon adjoint local ou moi-même, nous entendrons à maintes reprises “sak vid pa ka kanpè“ (2), pour nous signifier clairement une indisposition totale et irrémédiable à travailler pour rien. Changeons de sujet : Sivol a enfin son marché ! Le jeudi, lendemain du marché de Bouli, qui se trouve à 2h30 de marche vers le nord, en franchissant le morne La Terrasse. C’est Damasse, qui fût magistrat (maire) de la section communale de la Boucan Carré, des années durant, qui avait supprimé le marché de Sivol, donnant 3 ainsi un jour de marché supplémentaire à Feyobien, qui bénéficiait pourtant déjà du dimanche et du mardi. Damasse n’était déjà plus magistrat lorsque j’ai commencé mes activités ici, et maintenant, il est mort. La suppression du marché remonte sans doute à plus de vingt ans. Je fréquente ces terres depuis 2007, et depuis 2007 j’entends parler du préjudice causé à Sivol et du rétablissement prochain du marché. Eh bien, ça y est, nous y sommes ! Ma kaye se situe en amont de la place choisie, qui fût pendant quelques temps le terrain de foot, après que le terrain de foot précédent eut été butté en champ de patate douce par son propriétaire, interdisant de ce fait tout ballon. Le morceau de terre attribué maintenant était la propriété – disons : une des propriétés – de Lérinés, qui n’en manquait certes pas. Lérinés est le plus ancien “bos bwa“ du village, notable de la famille la plus représentée, et maître-filou de diverses manières, ce qui lui a permis au fil des années de s’approprier de terres, qui au départ, n’étaient pas les siennes. Le système était simple : à une époque où beaucoup de kayes étaient couvertes de chaume, les habitants craignaient pour les documents sensibles à l’eau ou au feu qu’ils auraient à y conserver. De ce fait, ils confiaient ces documents à une personne possédant un toit de tôles. Lérinés étant un homme riche, tout au moins à la mode locale, et par conséquent possesseur d’une kaye en bonne et due forme, pas mal de titres de propriétés lui furent confiés. Au moyen de petites modifications (ou falsifications) il devint donc maître à peu de frais de terrains qu’il n’avait jamais achetés. Le don du terrain du marché, par ailleurs quasiment inculte, lui coûta donc fort peu. Les abris sommaires et les petits étals ont donc rapidement poussé, de même que la saleté qui agrémente maintenant ce terrain, remarquable par le nombre de détritus d’une matière plastique ou d’une autre, chaque objet ou aliment vendu n’échappant jamais à l’indispensable sachet de polyéthylène noir ou coloré que l’on jette après usage, là où on se trouve. J’ai abordé le sujet avec Inoclés, responsable à quelque degré des affaires locales. Il m’a affirmé que lorsque tout serait bien réglé, les marchandes bénéficiant d’une place fixe et d’un étal paieraient leur place, et qu’une personne serait désignée et rétribuée pour faire le nettoyage. Quand ? L’année prochaine paraît-il… D’ici-là, j’imagine aisément que les ordures vont s’accumuler. J’espère seulement qu’il nous faudra attendre moins de temps pour la mise en place du service de nettoyage que pour le rétablissement du marché. Madé, la femme de Létés, le principal boulanger, tient une place où elle vend de la nourriture, ce qui m’a permis de déguster un magnifique bouillon de manioc sauce poule, 25 gourdes pour la portion qui me suffisait ce jour-là, acoquiné entre les bouts de bâche plastique dans la tonnelle contigüe, où Romène (Nène) préparait ses fritayes et son café. Dans ces quelques jours passés à Sivol, je me suis avant tout occupé de désengorger la “galerie“ de ma kaye où nous avions stocké tout le matériel possible et peu enclin à supporter les averses de la saison humide. 4 Dès que nous eûmes terminé, je me suis lancé dans la fabrication d’une table, élément qui me paraissait de plus en plus indispensable pour recevoir les élèves assoiffés de tables de multiplication et d’exercices d’écriture. Ils le sont d’autant plus que les évènements actuels les privent d’école, toutes celles des bourgs de quelque importance et des villes étant fermées. Ici, celle de Vanés (où va Nanoune) fonctionne encore. Jonak n’a par rouvert la sienne cette année, alors qu’il a largement bénéficié de l’aide d’une ONG française il y a quelques années et possède deux bâtiments en dur. Celle de Kapsin, quartier en aval, fondée par des évangélistes américains fonctionne elle aussi. C’est là que se rend Vanesta, grande amie de Nanoune. Elles sont toutes deux filles de bokor (tradition vaudou), et cependant Vanesta s’est faite happer par les sirènes évangélistes et a donc basculé (pour ne pas dire “chuté“) dans leur univers. J’entends dire que les écoles rouvriront leurs portes le 9 janvier 2020 ! Revenant à la place du marché, il est notable de constater la présence d’une petite montagne de sacs de charbon en attente de départ vers Chambo, puis Port-au- Prince. Depuis le début de 2019, un dépôt de charbon a été institué à Sivol. C’est le corollaire malheureux et pourtant inévitable de l’amélioration importante du tronçon Feyobien-Sivol, 5 kilomètres, grâce à l’action d’une minuscule mais cependant très efficace association, fondée et gérée par un couple de jeunes Suisses. Auparavant, les motos arrivaient malgré les difficultés et l’étroitesse de certaines parties, mais pas les camions. Les travaux leur ont permis de rouler jusqu’ici. Au-delà, on attaque les mornes, et le chantier pour rendre les chemins carrossables serait d’une autre ampleur. Mais depuis que l’accès leur a été permis, les camions franchissent la Boucan Carrée à Feyobien et viennent stationner devant le dépôt de charbon de Sivol. On les charge donc jusqu’au-dessus de la cabine dès leur arrivée, et aussitôt ils prennent le chemin du retour. 5 La route, fragile, s’est évidemment dégradée durant la saison des pluies pas encore terminée. Tous les matins, je vois depuis ma kaye proche du chemin (de la route devrais-je dire) passer des têtes surmontées de sacs, des colonnes de mules dont chacune porte quadruple charge, des dos courbés, un sac sur une épaule, tout cela descendant des mornes et se rendant au dépôt de Feyobien, à cinq kilomètres de là. Il y a un autre dépôt plus loin, entre Feyobien et Chambo, puis un dernier, plus important, à l’entrée de ce bourg. On peut estimer l’état de dégradation économique du pays au vu de la quantité de charbon de bois qui sort de la campagne. Entre 2007 et 2016 disons, il devait y en avoir dix fois moins. Certes, cela est plus une impression qu’une analyse, mais il est évident que pour beaucoup de paysans, en attendant les récoltes – si elles sont bonnes – le charbon de bois est actuellement l’unique source de revenus. Le pays supporte donc une peine multiple, et les gens qui organisent les blocus (“Peyi lok“) préparent leurs peines à-venir, quelles que soient leurs tendances politiques. Depuis mon départ fin juin dernier jusqu’à mon retour en ce début octobre, les habitants n’ont pas fait beaucoup de gras. Je les soupçonne même d’avoir parfois jeûné, mais pas pour question de coutumes religieuses. J’imagine aisément que la proportion de ceux qui se contentent d’un repas journalier a augmenté, bien que j’ignore dans quelle mesure. Je vois également plus de personnes malades, pour des raisons non définies par diagnostic médical, – faute d’argent pour payer la consultation et les médicaments – mais attribuées évidemment à quelque “bagaye mistik“, générée par une personne qui leur en veut, ou qu’elles imaginent leur en vouloir. Ce sont souvent de jeunes mères. Le matin de samedi dernier, je me trouvais devant la clôture de Létés, discutant avec Gasner qui préparait ses mules pour se rendre au marché de Domayan (3h30 de marche dans les mornes), quand passa devant nous un rasta maigre, portant longue barbichette en pointe, colliers de pacotille au cou. Un gros révolver grisâtre d’aspect rustique et au barillet volumineux pendant au bout de son 6 bras droit. Gasner luis serra la main (gauche) avec des salutations “haïtiennes“ de par leur affabilité. Puis l’homme poursuivit son chemin vers les quartiers en aval : Kaye Bopè ou Kapsin. J’appris qu’il faisait partie de l’une des bandes qui perturbent de temps en temps la quiétude de la campagne ou de Mirebalais, et que ce dernier était de celle qui avait sa “base“ à “Nan Gouf“ (qui se traduit je suppose par “Le Gouffre“), et qui s’était depuis peu déplacée pour s’établir à Kaye Bopè. Bien que je doute que les habitants de ce quartier apprécient cette promiscuité, il leur est difficile de se débarrasser de ces parasites par pulvérisation d’un insecticide approprié. Gasner me dit que vu l’absence de gouvernement, on était bien obligé de supporter leur présence et leur outrecuidance. Dieupifor m’apprend que ce révolver est typiquement ce que l’on appelle ici les “zam kreyol“ (armes créoles), fabriquées localement, à la capitale et également à Mirebalais. Elles tirent des cartouches de chasse calibre 12. Il y a les modèles à un coup, 1.000 gourdes, à cinq (5.000 gourdes) et à 10 (10.000 gourdes). Notre homme possédait paraît-il le type à 5 coups. Mon adjoint me montra aussi un morceau du tube dans lequel on fabrique le canon : du tuyau galvanisé ancienne génération, d’une épaisseur conséquente. Il paraît que ces armes n’ont pas de ratés (elles ne s’enrayent pas). Quant à leur précision, je n’ai pas de nouvelles. Il est quasi certain que plus d’une personne ici possède ce genre de gadget bien caché dans sa kaye, prêt à se défendre contre une attaque quelconque, mais certains les utiliseraient facilement pour se transformer en bandits occasionnels, pour quelque raison que ce soit. Revenons à nos enfants. Sitôt ma table terminée, c’est à dire le mercredi, je les ai vus venir, de 7 à 16 ans ; de la première année fondamentale (notre cours préparatoire) à la 4ème, soit le cours moyen première année qu’aborde Nanoune. Cette saison, il y a surtout des “première année“ et des “troisième“ ainsi que deux “quatrième“ J’ai eu un seul jour un “sixième année“ provenant d’une école de Chambo, fermée pour cause de troubles. La disparité des âges fait un joyeux mélange dans les classes, comme d’habitude. Il faut passer pas mal de temps à tenir la main des petits – et de certains grands – pour leur apprendre à tracer les lettres suivant le sens le plus logique, et les habituer à se tenir entre les deux lignes que je trace sur les cahiers aux airs de chiffons usagés. Les petits on des excuses que justifient leurs débuts récents, quoiqu’ils aient la chance d’aller dans l’une ou l’autre des deux écoles qui fonctionnent ici, à pas mal de kilomètres – c’est à dire : d’heures de marche – à la ronde. Par contre, les tables de multiplication, ne serait-ce que celle de deux, n’ont qu’un succès très modéré auprès des “troisième“, et sans doute, un instituteur familier d’une méthode plus physique que scientifique n’aurait pas hésité une seconde à se munir d’une badine pour faire accoucher un “troisième année“ d’une réponse juste pour un 2 fois 5, dût-elle être la quinzième tentative. Mon argent s’épuisant et les possibilités de retourner à Port-au-Prince et d’accéder à une banque augmentant, je suis reparti le dimanche en début d’aprèsmidi, emmené par la moto de Gasner. Arrivés à Mirebalais, la petite gare routière est cadenassée et pas un véhicule ne stationne devant. On roule. A quelques centaines de mètres, deux camions citerne 7 barrent la route. Le premier a les pneus avant à plat, et le suivant, le nez dans le profond et large caniveau, réservoir de carburant raclant le sol. Nous contournons les obstacles et roulons encore, croisant de nombreuses motos qui arrivent, passagers multiples et paquets tassés derrière les chauffeurs, ce qui témoigne de l’arrivée des minibus, plus loin. Il nous faut faire encore quelques kilomètres pour trouver la petite colonne de véhicules en attente de passagers. Destination : Bon Repos ou Croix des Bouquets. Pas question de Gérald Bataille ou de Carrefour Trois Mains, qui se trouvent en ville. Les transports s’arrêtent aux gares routières : celle au début de la N1 qui va vers le nord (et qui est bloquée), et l’autre menant à la N3, pour aller vers le centre. Je trouve une place dans une camionnette, et arrive par chance et sans histoires à Mayi Gatè où je loge avant le soir. Ce que l’on pourrait appeler “le cri de la rue“ est la manifestation d’une haine croissante contre le président et d’un déni de sa compétence à gérer le pays. Les manifestations qui ont débuté dans les derniers mois de l’année passée, se sont un peu calmées après juin et ont repris de plus belle en septembre. Toutefois, Jovenel Moïse ne s’est jamais adressé à la population. Un message pré-enregistré a été diffusé, une nuit, à 2h du matin. Les gens se sentent de plus en plus méprisés et savent bien que la corruption bat son plein au plus haut sommet de l’Etat. J’ai pu aller à la banque ce matin, et après avoir acheté des pièces nécessaires pour un captage et des cahiers pour les enfants, j’essaierai de retourner à Sivol aujourd’hui même. Demain ce sera l’enterrement de diverses personnes tuées dans les manifestations, ce qui promet des mouvements de foule, et jeudi 17 c’est l’anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines et le pays entrera de nouveau dans une phase de blocage complet. Nanoune et Monsieur Séyimon devant l’église. Sivol, dimanche 13 octobre 2019 F.X.R, Port-au-Prince, 14-15 octobre 2019. 8